Santé: des bonnes habitudes à prendre
14 février 2023 - Marcher, bouger, prendre l’air, bien s’alimenter : autant de bonnes habitudes pour donner un élan à notre état de santé. Mais aussi pour mieux vivre, à long terme. La première édition du Sommet de la santé durable s’est tenue du 25 au 27 janvier derniers au Musée de la civilisation de Québec. Émilie Laperrière a rencontré les intervenants pour faire le point
Si la notion de développement durable est désormais bien comprise par la majorité des gens, celle de santé durable demeure encore méconnue. Selon l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ), la santé durable, « c’est faire en sorte que les gens vivent mieux, plus longtemps, aujourd’hui, demain et pour les générations à venir », explique son directeur général Thomas Bastien. Rien de moins.
De la marge pour faire mieux | Seulement 2,7 % du budget de la santé au Québec est consacré à la prévention. Il s’agit du plus faible pourcentage au Canada.
C’est sous l’impulsion de l’ASPQ, avec le soutien de l’Association des spécialistes en médecine préventive, que l’événement a vu le jour. « Ça faisait longtemps que les acteurs qui sont en relation avec la qualité de vie de la population ne s’étaient pas réunis, remarque Thomas Bastien. Il ajoute que c’était aussi le moment idéal parce que les gens réalisent plus que jamais que la santé est importante. « Et on voit malheureusement que notre système de santé fonce droit dans un mur. » Martine Fortier, responsable du Centre de promotion de la santé du CHU Sainte-Justine, livre sa lecture du sommet. « C’était l’occasion de faire le point et de penser à l’avenir, dit-elle. Ça a été formateur. Ça a aussi permis de repartir la machine après des années de pandémie. »
Qualité de vie
Avec le Sommet, l’ASPQ nourrissait l’ambition de trouver des solutions pour que le milieu puisse se relever durablement. « Au cours des trois jours, on a discuté du vieillissement de la population, par exemple. On a essayé de voir comment on peut transformer notre écosystème pour que les aînés vivent dans un environnement de qualité, où ils sont heureux et confortables. » L’alimentation, un thème cher à la co-animatrice de l’événement, Hélène Laurendeau, a aussi fait partie des discussions. « On a tenté de trouver comment une alimentation saine et équilibrée peut être accessible facilement à la population », explique Thomas Bastien.
« Plus de 95 % des investissements en santé au Québec servent à traiter des maladies. Le ministère de la santé est devenu un ministère de la maladie. » - Thomas Bastien, directeur général de l’Association pour la santé publique du Québec
Comme l’environnement est intimement lié à la santé des individus, le sujet a été soulevé durant l’événement. « De plus en plus de personnes devront être soignées à cause des changements climatiques que nous vivons. Le réseau d’action en santé durable, qui regroupe différents ordres et syndicats, veut donc transformer le réseau de la santé pour qu’on décarbone le tout, qu’on réduise nos déchets. » Martine Fortier a donné une conférence avec Horacio Arruda, Pierre Lavoie et Vincent Dumez, directeur Patient et co-directeur scientifique du Centre d’Excellence sur le Partenariat avec Patients et le Public. Objectif ? Promouvoir davantage la prévention et faire la promotion de la santé au Québec. « Dans mon équipe à Sainte-Justine, j’ai la chance de coordonner la prévention et la promotion de la santé dans tout le continuum de soins, souligne-t-elle. J’ai un grand terrain de jeu avec 6000 employés pour travailler l’aspect de la prévention auprès des familles. »
Santé des autochtones et meilleures pratiques
L’organisme Médecins du monde a fait une présentation sur les navigateurs autochtones. « Ce sont des personnes qui aident les patients des communautés autochtones à naviguer dans le système de santé afin que l’expérience soit plus sereine », précise Thomas Bastien. Certaines solutions visent le milieu des patients. « Des citoyens qui sont en quelque sorte devenus des spécialistes du réseau de la santé en raison d’une maladie, que l’on appelle partenaires patients, ont donné des conseils aux professionnels présents. » L’aspect légal a également été abordé. « On voulait voir comment utiliser mieux les lois ou les adapter pour qu’elles reflètent davantage notre réalité. »
Le Sommet aura surtout permis un échange des meilleures pratiques. « On constate que les solutions doivent venir du terrain et non de la tête. » Martine Fortier en retient pour sa part que plusieurs initiatives existent, mais elles ne sont pas partagées. « C’est comme si on n’est justement pas dans une optique de santé durable. On prône des choses tout en travaillant de façon cloisonnée. Ce n’est pas la faute de personne. Le financement ponctuel ne permet pas d’intégrer de façon pérenne les bonnes pratiques. » Les retombées de l’événement sont déjà tangibles au sein de l’organisation de Martine Fortier. « Le fait d’avoir été interpellés pour présenter notre modèle nous a donné une légitimité et un rayonnement. Ça nous a également fait voir que si on veut des établissements écoresponsables, des toits verts ne suffisent pas. On doit aussi revoir notre manière d’aborder la santé avec nos familles. »
Gros plan sur la prévention
À l’instar de plusieurs acteurs du milieu, Thomas Bastien et l’ASPQ prônent une approche basée sur la prévention. « On est dans un système de santé qui craque de partout, qui compte de plus en plus de malades, se désole Thomas Bastien. Pourtant, la prévention peut faire diminuer ce nombre et désengorger le système. » Celui-ci relève que seulement 2,7 % du budget québécois de la santé est consacré à la prévention. Il s’agit du plus faible pourcentage au Canada. En comparaison, l’Ontario et la Colombie-Britannique y dédient entre 6 à 8 %. « Ça signifie que plus de 95 % des investissements au Québec servent à traiter des maladies. À ce compte-là, ce n’est plus un ministère de la santé; c’est un ministère de la maladie. »
